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Entrevue Patrick Nordmann
 
Interview réalisée à Sion en février 2002 à l'occasion de la sortie de La légende de l'ouest
 
La légende de l’ouest, c’est le dernier Lucky Luke, ça parle du star système, mais c’est pas Lucky Luke qui en est la star….

Non parce que Lucky Luke est un personnage sage et comme tous les sages il sait que le star système est la pire chose au monde, la plus bête et la plus inutile. Alors évidemment quand Buffalo Bill lui propose un jour d’entrer dans son spectacle, parce que vous savez que Buffalo Bill a quasiment inventé le star système en racontant l’histoire de la conquête de l’ouest, il a en fait créé des personnages qui sont devenus des grandes vedettes, à commence par lui, le colonel Cody qui s’est transformé en Buffalo Bill, et il a inventé un personnage qui est devenu une véritable star. Et donc j’ai imaginé qu’un jour, forcément, il aurait demandé à Lucky Luke de participer à son spectacle puisqu’il essayait d’avoir toutes les figures de l’ouest dans son spectacle, et bien sûr Lucky Luke a refusé. Mais bêtement en partant il a proposé à Buffalo Bill d’engager les frères Daltons qui en tant qu’hors-la-loi légendaires ne pouvaient être que des stars dans l’histoire et c’est ce qu’a fait Buffalo Bill, il a engagé 4 comédiens, des bellâtres sensationnels, qu’il a appelé les 4 bandits au grand coeur, les frères Daltons et qui dans le spectacle se présentaient sous le jour de bandits brillants et magnanimes. Et ces pauvres crétins de Daltons qui eux sont en prison ignorent qu’en fait ils sont devenus de véritables vedettes à l’extérieur. Et pour qu’ils l’apprennent il faut qu’il y ait une nouvelle fournée de prisonniers qui entrent à la prison, et là ces pauvres Daltons qui étaient plutôt malmenés par les autres prisonniers, s’aperçoivent qu’on les admire, s’aperçoivent que y a des tas de légendes qui circulent autour de leurs exploits et évidemment ils vont péter les plombs parce que c’est eux qui vont se prendre pour des grandes stars.

Mais en fait ils sont pas du tout fait pour être star.

Non, mais comme on a pu le constater notamment ces temps-ci en regardant la télévision, il y a des tas de gens qui sont pas faits pour être stars, ou qui en tous cas n’ont aucun mérite de l’être c’est à dire qu’ils savent rien faire de très spécial. Mais qui deviennent des stars, pourquoi, parce qu’on les montre et parce qu’ils sont connus. Et donc en fait actuellement, et c’était déjà un peu le cas à l’époque, mais c’est devenu dingue, la seule qualité qu’ont les gens, c’est d’être connu, et dès qu’on est connu, on est une star, mais savoir pourquoi on est connu, tout le monde s’en fout.

Et paradoxalement vous avez écrit ce scénario avant qu’il y ait toutes ces star académie et autre loft story…

Et autres crétineries du genre… Oui, je l’ai écrit il y a assez longtemps, mais parce que il y a longtemps que ce phénomène existe, et puis ça m’amusait. Et je savais que du temps de Buffalo Bill ça avait été quelque chose de véritablement incroyable puisque les spectacles de Buffalo Bill ont entraînés ensuite la vision qu’a eu Hollywood du monde western et des bons cow-boys etc.… et donc en fait c’est une supercherie qui dure depuis des dizaines et des dizaines d’années, sur le monde de l’ouest. Et puis donc j’ai écrit cette histoire, c’était en 1999 et puis Morris l’a dessinée en 2000, il était en train de la dessiner au moment où est sorti le prophète ( Le prophète : 1er Lucky Luke scénarisé par P. Nordmann )

Donc Buffalo Bill on le retrouve toujours sur son cheval cabré… ça se cabre comme ça pendant longtemps un cheval ?

Oui, ça existe ça.

Autant longtemps ?

Oui, non, pas autant longtemps. Mais encore que dans le spectacle Buffalo Bill, parce que vous savez que ces spectacles existent toujours et qu’on peut les voir notamment si on va du côté de Disneyland, il y a des spectacles Buffalo Bill qui sont repris de ce que faisait le véritable spectacle de Buffalo Bill, où effectivement il y a un personnage qui joue le rôle de Buffalo Bill, c’est vrai qu’il fait de très belles cavalcades avec son cheval, très snob et très très très hautain et très fier de lui.

Justement Buffalo Bill, je pensais que c’était un héros, mais d’après la BD c’est un crétin fini, un ivrogne…

Alors il était effectivement un peu ivrogne, mais qui ne l’est pas… non, ça peut arriver à tout le monde. Il était extrêmement imbu de lui-même et il avait un sens incroyable de la notoriété et tout ça. Pour lui d’abord et éventuellement pour les autres. Alors ça avait été une sorte de héros de l’ouest véritable dans la mesure où c’était un très bon guide, ça a été un très bon chasseur d’indiens, c’était un très grand tueur de bisons. Et donc il a aidé, d’une part à tuer des bisons, c’était pour construire les chemins de fer, mais c’était aussi pour éliminer les bisons et autrement dit éliminer les indiens. Donc est-ce que c’est digne d’être des grands exploits… En tous cas c’est pas ce qu’il racontait dans son spectacle. Il disait qu’il avait pratiquement pacifié l’ouest sauvage et que c’était grâce à lui que la civilisation y avait pénétré

Dans l’album il parle comme on fait parler Alain Delon, à la 3ème personne, est-ce que c’est un clin d’oeil ou est-ce qu’il parlait vraiment comme ça ?

Alors je sais pas si Alain Delon se prend pour Buffalo Bill mais ce que je sais c’est que Buffalo Bill en tous cas parlait de lui un peu à la troisième personne et que si on regarde les affiches, si on regarde les photos, si on regarde les bouquins, y a son nom absolument partout, c’est à dire qu’il laissait extrêmement peu de place à tous les autres dans le spectacle.

Il avait une sorte de dédoublement de personnalité ?

Ha mais oui, oui, parce qu’il avait déjà changé de nom. C’est à dire que de se faire appeler Buffalo Bill, c’était devenu un personnage, donc il parlait de lui-même en tant que personnage, en parlant de Buffalo Bill. Donc ça donnait cet espèce de ton un peu curieux au personnage.

Y a un autre personnage réel dans l’album, c’est cette jeune femme…

Ho il y en a plusieurs qui sont réels dans cet album. Il y a son impresario qui s’appelle John Burke, qui a existé, c’est lui qui a travaillé à la légende de Buffalo Bill.

Il s’appelait vraiment comme ça ?

Burke, il s’appelait Burke. Moi j’ai inventé l’autre qui s’appelle Plunk qui devient l’impresario des Daltons, mais Burke existait. Et puis il y a Annie Oackley qui était la petite princesse à la winchester, une fille absolument incroyable qui était une championne de tir et qui a eu une carrière, une gloire absolument incroyable dans l’ouest et dans les spectacles de Buffalo Bill en faisant des exploits absolument dingues à la winchester et au pistolet.

On la voit pas beaucoup…

Non, on la voit pas beaucoup mais parce que bon, là , j’ai montré quelques extraits du vrai spectacle. Ce qui m’amusait beaucoup c’était de montrer ces pauvres Daltons tenter de faire un spectacle à leur manière, avec moins de moyens et encore moins de talent. Et donc j’ai montré quelques éléments du vrai spectacle du Buffalo Bill pour pouvoir en faire ensuite une parodie avec les Daltons qui essayent eux-mêmes de faire un western show.

Justement ces Daltons qui se croient des durs, ils doivent jouer les mous finalement…

Oui, c’est à dire qu’ils doivent essayer de rejoindre leur propre légende. C’est à dire que comme dans le spectacle de Buffalo Bill ils sont présentés comme des bandits fantastiques au grand coeur, beaux, bien habillés et tout ça, donc quand ils montent leur propre spectacle à eux, ils s’habillent aussi très très bien et puis ils essayent de faire des choses à leur propre gloire. Mais évidemment comme ils savent rien foutre, ni même lancer un lasso, ni tirer ni rien, leur spectacle tourne vite au désastre, d’autant plus que Lucky Luke s’arrange pour que ça merde un peu.

Finalement l’espèce de boys band de bellâtres s’en sort mieux que les vrais Daltons.

Ha oui oui, mais eux c’est des professionnels. Donc eux dans l’arène du vrai spectacle de Buffalo Bill, ceux qui jouent les Daltons, c’est des gars qui au moins savent chanter, savent se présenter, sont très beau gosse, donc c’est un vrai boys band ouais…

Par rapport à cet album qui parle du star système, vous, vous vous retrouvez sur le devant de la scène puisque Morris est plus là pour faire la promo….

Oui, je me retrouve un petit peu sur le devant de la scène, m’enfin surtout malgré moi, c’est assez… j’aurais beaucoup aimé… bon d’une part parce que Morris a adoré dessiner cette histoire, il s’est bien marré et puis je pense qu’on se serait bien marré si on avait fait une tournée ensemble de promotion du bouquin. Et de devoir la faire tout seul c’est moins amusant. Et puis c’est aussi une manière de montrer que bon c’était aussi le dernier album dessiné par Morris alors qu’en fait c’est surtout un très bon album dessiné par Morris parce qu’il l’a dessiné avec tellement d’humour et de qualité que j’aimerais plutôt qu’on dise « Ha c’est un excellent album de Morris » plutôt que simplement de dire « Ha c’est le dernier album de Morris ».

Là on vous a vu dans différentes émissions de TV, dans des journaux, vous aimez être sur le devant de la scène ?

Non mais moi disons, j’ai un avantage, c’est que ce monde là de la radio, de la TV, je le connais très bien. J’en ai fait depuis longtemps et j’ai jamais eu de vanité d’être connu, ou pour être connu, je m’en fous complètement, au contraire, je trouve que c’est le truc le moins agréable de l’affaire. Il est évident que quand on fait des émissions, quand on fait un métier public de radio ou de télé, on est forcément connu. Mais pour moi c’est une conséquence de ce que je fais, c’est pas un but. Et alors là si il faut faire un peu de promo à la TV ou faire quelques sympathiques émissions comme la votre chère amie, ça me fait un grand plaisir. Mais disons je m’en fous complètement, je m’en fous complètement de faire de la radio ou de la télé. Et pour moi c’est un moyen comme un autre de parler avec les gens et de se raconter des histoires… Alors que j’ai cru constater que pour beaucoup de gens c’était un but en soi que de passer à la télé, d’être connu à la télé, bizarre, bizarre…

Là c’est plus un passage obligatoire…

Oui alors moi en ce qui me concerne c’est plutôt un passage obligatoire mais agréable quoi. Mais je pense que la TV a rendu fou le monde entier, c’est à dire que maintenant les gens font n’importe quoi pour être à la TV, donc pour être connus parce qu’ils croient que le but dans la vie c’est d’être connu. Ce qui est la dernière des imbécillités.

Est-ce qu’il y aura une suite, est-ce que Lucky Luke va survivre à Morris ?

Alors c’est la grande question à laquelle personne ne peut répondre pour l’instant. Disons, Morris était pas du tout opposé à ce que ça continue, donc normalement ça va continuer. Ce que je sais moi, c’est qu’il avait commencé une autre histoire que je lui avais écrite qui s’appelait Lucky Luke contre Lucky Luke. Que je devais commencer un autre scénario qu’il attendait aussi beaucoup, qui s’appelle Melting Pot qui est une histoire sur l’arrivée des émigrés européens aux Etats-Unis. Et puis on avait plein de projets comme ça puisque avec mon associée Monique Reboh on a même écrit, à la demande de Morris, des histoires de Rantanplan, des grandes histoires de Rantanplan. On en a écrit une qui s’appelle le grand sachem, qui a commencé à être dessiné mais qui est arrêté aussi pour l’instant. Donc le mystère s’épaissit, et je ne sais pas qui, ni comment ça va continuer.

Donc il n’y a rien de définit pour l’instant…

Il n’y a rien de définit parce que ça va dépendre des ayants droit et des éditeurs. Alors est-ce qu’ils vont essayer de poursuivre les histoires telles qu’elles étaient prévues et qu’on avait décidé de faire avec Morris, est-ce qu’ils vont prendre une autre équipe, écrire d’autres histoires et les faire dessiner par d’autres personnes, mystère, je ne sais pas.

Et puis vous, vous avez fait de la radio, de la télé, de la BD, à quand une chanson ?

Mais j’en ai déjà fait beaucoup ! ! !, mais je les chante pas.

Ben justement, qu’on vous voie un peu ! !

Ha je pourrais…… Depuis que je fume plus, je rechante juste.

Ha !

Donc en fait je devrais y aller. Mais je sais pas si j’ai une voix si agréable que ça, ni le talent,. Parce que moi j’ai une grande admiration évidemment pour tout ceux qui font de la musique, de la chanson, et les musiciens. J’aurais rêvé être capable de jouer du piano ou de la guitare ou les deux, et de composer. Mais bon ça c’est pas fait et je suis sûr que si ça c’est pas fait c’est qu’il y a des bonnes raisons pour ça… Mais j’écris de temps en temps des paroles de chansons pour quelques camarades chanteurs et j’avoue que c’est toujours un grand, grand plaisir. C’est un exercice merveilleux, parce que quand tout d’un coup les mots et la musique se marient, et se marient bien c’est une belle merveille.

Et vos projets pour la suite ? où on pourra vous retrouver …

Je ne sais pas du tout, pour dire la vérité, je ne sais pas du tout ce que je vais faire, parce que ben actuellement j’ai pas beaucoup d’opportunités de travail à la radio et à la télévision suisse. Et le problème un petit peu c’est qu’il y a pas de grosse concurrence en Suisse, donc quand ça marche pas avec nos organismes officiels, il y a peu de chance de faire quoi que ce soit. Et alors je sais pas. J’ai des tas de projets, mais qui pour l’instant n’aboutissent pas, ou difficilement. Alors soit ils aboutissent et puis il se passera des choses, soit je crois que je m’arrêterai de m’agiter vainement et j’irai retrouver mon cheval et les bois profonds…

Vous avez pas mal de séances de dédicaces prévues pour Lucky Luke, mais vous aimez pas dessiner, vous faites comment ?

Ha oui, comment je fais pour les dédicaces ? Venez aux séances de dédicaces et vous le saurez ! ! ! !… Non, je fais ce que je sais faire. Je fais une bulle sur la vignette de première page et puis j’essaye à chaque fois de faire un petit gag aux personnes qui me font l’amitié de m’acheter un bouquin et de demander une dédicace. Donc voilà, je fais un phylactère et je mets une petite réplique à Buffalo Bill puisque c’est lui qui est en vignette, ou à son cheval, ou aux deux. Et voilà, je ne peux malheureusement pas faire de petit dessin puisque c’est pas mon métier, je regrette bien d’ailleurs aussi.

Vous devriez essayer de frapper à la porte chez Astérix, après Lucky Luke, ça pourrait marcher…

Alors si monsieur Uderzo nous entend…, je suis là. S’il a besoin de moi, pas de problème.

Et le nouveau dessin animé de Lucky Luke, vous avez suivi un peu ?

On a participé justement avec Monique Reboh à l’écriture, enfin on a proposé 5 ou 6 histoires. Y en a 3 qui ont été retenues et puis pour finir on en a fait qu’une, parce que je sais pas… ça doit plaire à beaucoup de producteurs divers et variés et puis il y a toujours quelque chose qui fonctionnait pas, enfin bref. On a fait un des scénarios des nouvelles aventures de Lucky Luke qui s’appelle « Un papa pour les Daltons » et qui a passé il n’y a pas si longtemps sur France 3 et sur la TSR 2. Et je crois que ça a eu beaucoup de succès parce que c’est une histoire qui est assez marrante où c’est donc un espèce de bellâtre, un escroc au mariage qui essaye d’épouser Ma Dalton parce qu’il croit qu’évidemment les Daltons cachent un magot. Puis donc si il entre dans la famille il va pouvoir se faire des… beaucoup de fric. Malheureusement ça ne se passe pas comme ça. Ou non, c’est pas malheureusement, c’est même heureusement pour la justice et pour l’amourrrr.

Ouais la justice quand on parle des Daltons…. on peut avoir des doutes…

C’est clair…

Référence : http://www.edb.ch/